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Avec ou sans capote?

Photo du rédacteur: Leslie GaroyanLeslie Garoyan

C’est l’histoire d’une fille qui a rendez-vous avec un garçon. Le garçon vient chez elle, tous les voyants sont au vert, il semblerait que la soirée va bien se dérouler, mais au moment de passer à l’acte… petit couac.


Alors, avec ou sans capote ?


L’histoire que je m’apprête à vous raconter, c’est une histoire qui pourrait arriver à n’importe qui. Mais oui, vous savez, ce genre de petites anecdotes qui mêlent nostalgie et fous rires involontaires, où votre réalité semble tout droit sortie d’un mauvais film de série B. Alors, imaginez un peu :


Voilà qu’un type de votre passé, un passé très lointain, refait surface dans votre vie de mère célibataire. Une vie où le temps vous manque souvent pour… Enfin, vous voyez quoi. Je ne vais pas vous faire un dessin ;-) Pour sortir, pour faire l’imbécile, pour rencontrer des gens, ou soyons honnêtes, juste pour se laisser un peu aller, comme à vos 18 ans. Alors, pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable, vous me direz ?

Un amoureux qui réapparaît 15 ans plus tard vous invite à dîner, et vous pensez, après tout : pourquoi pas ? C’est vrai que c’est une bonne excuse pour ressortir cette vieille robe qui traîne dans le placard. Mais il n’aura fallu que quelques échanges pour comprendre que vos souvenirs, aussi doux soient-ils, ne suffisent pas toujours à masquer les évidences. C’est comme ressortir votre vieille paire de chaussures. Vous savez, cette paire que vous avez aimée follement à une époque, que vous avez gardée dans un coin du placard et que vous finissez par ressortir avec un mélange d’excitation et de nostalgie.

Et pourtant, vous décidez de donner une chance à cette "paire vintage", espérant une jolie balade dans le passé. Vous vous dites que ça va vous remettre dans l’ambiance ! Et puis, ça fait longtemps que vous ne l’avez pas portée, peut-être vous ira-t-elle encore ?

Vous voilà arrivés dans la chambre, et hop, les habits s’envolent. Là, un petit temps de latence suivi d’un long silence, dans cette soirée qui semblait prometteuse. Voilà qu’elle commence à dérailler. À peine la porte fermée, les premières notes de votre flirt ressemblent déjà à une vieille mélodie qui sonne un peu faux. Après un rapide concours de regards – plus gênant, soyons honnêtes, que ces cauchemars où vous vous retrouvez nue au milieu de la cantine – vous finissez par lâcher :– « Bon, bah… t’as pas de capote ? »Et là, le type ose, à l’aise :– « Non mais, on n’en a pas besoin. »

Il l’a dit. Vous le regardez, estomaquée. Et puis, vous vous rappelez pourquoi vous l’aviez laissé de côté. Vous essayez, et là, vous vous rendez compte que c’est devenu terriblement inconfortable, complètement inadapté à votre nouvelle vie et surtout à vos exigences.

Vous restez calme pendant que monsieur débat de l’inconfort des préservatifs avec la passion d’un politicien en campagne. Vous le regardez, vous l’écoutez même, pendant qu’il explique : « T’inquiète, je suis clean, et puis c’est pas pareil avec une capote ! »

Ah, voilà. Là, tout de suite, vous vous dites qu’il redevient irrésistible.

Non mais, quel imbécile.

Il va encore vous demander, sans trop de gêne, si c’est parce que vous ne prenez pas la pilule ? Alors vous répondez : « Je ne vois pas le rapport. Ça fait 15 ans qu’on ne s’est pas vus. Je ne sais pas ce que tu fais, ni qui tu vois sur ton temps libre. Et en effet, je n’ai pas très envie du cadeau bonus d’un polichinelle dans le tiroir. » La jeune femme continue, d’un air sarcastique : « Tu sais, peut-être que tu devrais appeler le fabricant pour un modèle sur-mesure ? Faire un retour client, on sait jamais. Apparemment, t’es pas le seul dans ce cas. »


Pas besoin de sortir pour se divertir, finalement. Vous avez droit à un one-man show grotesque et fantasque en direct de votre chambre à coucher. Pas la soirée que vous aviez espérée, mais un bon gros fou rire à la clé.

Et puis, loin de vouloir paraître désagréable, vous finissez par partager votre point de vue :

« Ce n’est pas juste de moi qu’il s’agit là. Qu’est-ce qui peut t’assurer que ce n’est pas moi qui vais te refiler un truc ? »

Et voilà qu’il brandit son dernier argument avec un tel aplomb que, soyons honnêtes, il mériterait un prix :– « Non mais t’inquiète, je sais très bien que tu n’as rien. T’es clean, ça se voit, je te fais confiance. »

Ah, elle est belle, la confiance. Pourquoi, au juste ? Que peut-il dire de vous ? Qui peut dire que vous n’étiez pas dans un gangbang ou une soirée échangiste la semaine dernière ? Oui, vous êtes maman, certes, et vous avez l’air plutôt bien apprêtée, mais ça suffit à prouver quoi exactement ?

On se pose alors la question : dans une époque où on parle d’égalité, de consentement et d’émancipation, pourquoi est-ce que certains hommes – pas tous, soyons justes – pensent encore qu’ils peuvent négocier avec nos limites ? Pourquoi est-ce que la contraception et la sécurité sont toujours une affaire de femmes ?

Vous remarquerez que cet obstacle là n’a pas suffi à l’arrêter, loin de là, puisqu’il tente quand même un dernier coup d’éclat. Attention, celle-là, c’est la meilleure, elle restera longtemps gravée dans votre mémoire :

– « Sinon, juste un aller-retour, vite fait. Promis, je rentre, je sors. »

C’est fini. Vous êtes achevée. Les larmes montent, impossible de vous contenir plus longtemps. Le fou rire vous vient naturellement, parce qu’à ce stade, soyons honnêtes, mieux vaut rire que pleurer.

Droite dans vos baskets, vous avez bien évidemment refusé de céder. Pas par rigidité, mais parce que vous savez que vous méritez mieux qu’une négociation, les fesses à l’air, en fin de soirée. Et dans ce refus, vous trouvez une réponse universelle : ce n’est pas seulement une question de capote, c’est une question de standards. Faire de son mieux, c’est aussi savoir dire non quand l’autre ne sait pas se tenir correctement.


Et pour finir sur une note drôle et rafraîchissante : voilà qu’une heure plus tard, l’univers – ou plutôt votre algorithme d’Instagram et votre téléphone sur écoute – vous balance un épisode de la série Fleur Bleue sur Canal+ joué avec justesse par la merveilleuse Enya Baroux. Et devinez quoi ? L’épisode, je vous le mets dans le mille, s’appelle Le mec clean. Mot pour mot ce qui vous est arrivé ce soir. À croire que la réalité rattrape parfois la fiction.


Alors, messieurs, la prochaine fois que vous hésitez avec la capote, pensez à cette histoire. Et si vous voulez vraiment trouver une excuse, faites au moins preuve d’originalité. Qu’on puisse applaudir votre créativité avant de vous demander poliment de bien vouloir quitter la soirée.




 
 
 

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